2015… voilà c’est fini… et j’ai envie de dire « ouf ! »
Pour 2016…
je ne te souhaite pas d’avoir plein de pognon pour t’acheter plein de trucs…
non, faut arrêter avec ça maintenant ! On a déjà tout pourri en voulant se
créer le meilleur des mondes…
Je te souhaite une bonne santé, de la joie, des rires, de l’humour, des fêtes, des spectacles, des concerts, des rencontres, des échanges, de la solidarité, de la douceur, beaucoup d’amour…
Je te souhaite aussi d’être un peu dingue, la dinguerie légère, ça aide à survivre !
Je te souhaite de créer de belles choses.
Je te
souhaite de lutter pour nos libertés. De ne pas baisser la tête (c’est
dangereux quand on est dans la merde). De
montrer ton cul à tous ceux qui voudront te baisser le froc !
De te mettre
en colère… je parle de la colère de celui qui se révolte contre la
déshumanisation, l’injustice, la barbarie, l’avidité du pouvoir et toutes les
misères environnementales que l’on inflige à la nature, une colère seine pour
ne pas tomber dans la haine aveugle qui anime déjà trop le monde.
Je te
souhaite de prendre le temps, le temps de lire, de réfléchir, de ressentir, de chercher la vérité, de vérifier
les informations qui circulent, d’écouter sans juger, de pouvoir changer d’avis,
de savoir expliquer tes idées sans chercher à convaincre.
Je souhaite
que l’on prenne soin de nos enfants tous ensemble, qu’on leur apprenne à
prendre soin les uns des autres, que les mots : empathie, respect, humanité
fassent partie de leur vocabulaire et qu’ils les entendent plus souvent que les
mots : guerre, terrorisme et peur…
Je nous souhaite
de nous occuper toujours un peu plus de la beauté de ce monde de manière
objective, avec conviction et je partage (encore) ce texte de Fred Vargas, parce
que « nous y sommes » … toujours un peu plus !
« Nous y sommes »
Fred VARGAS (archéologue et écrivain)
Nous y
voilà, nous y sommes.
Depuis
cinquante ans que cette tourmente menace dans les hauts fourneaux de l’incurie
humaine, nous y sommes. Dans le mur, au bord du gouffre, comme seul l’homme
sait le faire avec brio, qui ne perçoit la réalité que lorsqu’elle lui fait
mal.
Nous avons
chanté, dansé. Quand je dis « nous », entendons un quart de l’humanité tandis
que le reste était à la peine.
Nous avons construit la vie meilleure, nous
avons jeté nos pesticides à l’eau, nos fumées dans l’air, nous avons conduit
trois voitures, nous avons vidé les mines, nous avons mangé des fraises du bout
du monde, nous avons voyagé en tous sens, nous avons éclairé les nuits, nous
avons chaussé des tennis qui clignotent quand on marche, nous avons grossi,
nous avons mouillé le désert, acidifié la pluie, créé des clones.
Franchement,
on peut dire qu’on s’est bien amusés.
On a réussi
des trucs carrément épatants, très difficiles comme faire fondre la banquise,
glisser des bestioles génétiquement modifiées sous la terre, déplacer le Gulf
Stream, détruire un tiers des espèces vivantes, faire péter l’atome, enfoncer
des déchets radioactifs dans le sol, ni vu ni connu. Franchement, on s’est
marrés. Franchement, on a bien profité. Et on aimerait bien continuer, tant il
va de soi qu’il est plus rigolo de sauter dans un avion avec des tennis
lumineuses que de biner des pommes de terre.
Certes. Mais
nous y sommes. On n’a pas le choix. C’est la mère Nature qui l’a décidé, après
nous avoir laissés jouer avec elle depuis des décennies. La mère Nature,
épuisée, souillée, exsangue, nous ferme les robinets. De pétrole, de gaz, d’uranium,
d’air, d’eau.
Son
ultimatum est clair : sauvez-moi ou crevez avec moi.
Évidemment
dit comme ça, on comprend qu’on n’a pas le choix, on s’exécute illico… et même,
si on a le temps, on s’excuse, affolés et honteux.
D’aucuns, un
brin rêveurs, tentent d’obtenir un délai, de s’amuser encore avec la
croissance. Peine perdue.
Il y a du boulot, plus que l’humanité n’en eut
jamais.
Nettoyer le
ciel, laver l’eau, décrasser la terre, abandonner sa voiture, figer le
nucléaire, ramasser les ours blancs, éteindre en partant, veiller à la paix,
contenir l’avidité, trouver des fraises près de chez soi, en laisser au voisin,
relancer la marine à voiles, récupérer le crottin, pisser dans les champs (pour
le phosphore, on n’en a plus, on a tout pris dans les mimes, on s’est quand
même bien marrés). S’efforcer. Réfléchir même.
Et sans
vouloir offenser avec un terme tombé en désuétude, être solidaire.
Avec le
voisin, avec l’Europe, avec le monde.
Pas d’échappatoire, allons-y.
Encore faut-il noter que récupérer le crottin,
et tous ceux qui l’on fait le savent, est une activité foncièrement
satisfaisante. Qui n’empêche en rien de danser, le soir venu, ce n’est pas
incompatible. À condition que la paix soit là, à condition que nous contenions
le retour de la barbarie, une autre des grandes spécialités de l’homme, sa plus
aboutie peut-être.
À ce prix,
nous réussirons la troisième Révolution. À ce prix, nous danserons, autrement
sans doute, mais nous danserons encore.